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Le boom du pétrole et du gaz de schiste pourrait bientôt se terminer


L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste a totalement changé au cours des dernières années le marché mondial des hydrocarbures. Il a permis aux Etats-Unis de s’affranchir de leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient et même de redevenir aujourd’hui le premier producteur mondial de pétrole. Mais les technologies utilisées, notamment la fracturation hydraulique, sont de plus en plus coûteuses et très dommageables pour l’environnement. Enfin, les ressources sont de plus en plus difficiles à atteindre. Pour de nombreux spécialistes, dont ceux de Oil Price, la croissance spectaculaire de la production américaine devrait rapidement ralentir.

La question immédiate est purement économique. Elle est de savoir si la hausse récente des cours du pétrole permettra de soutenir à nouveau l’expansion du forage horizontal et de la fracturation, les deux techniques permettant d’extraire pétrole et gaz de schiste. Avec des coûts d’extraction élevés, malgré l’évolution des techniques, c’est la faible rentabilité même de cette activité, au vu des investissements qu’elle suppose, qui pose question. Pourtant, les chiffres semblent toujours très favorables. Selon l’Energy Information Administration (EIA), la production régionale du bassin Permien a atteint en moyenne 3,3 millions de barils par jour en 2018 et devrait être de 3,9 millions en 2019. Les projections tablent sur 5,4 millions de barils par jour d’ici 2023, selon IHS Markit. Mais produire ne signifie pas pour autant générer des profits.

La question des puits-parents et des nombreux puits-enfants forés pour exploiter complètement les gisements se pose également. D’ici 2020, les meilleures zones devraient avoir été forées, ce qui laisse supposer en fait une baisse de production ou au moins une stagnation à venir. Cela pourrait mettre en difficulté les professionnels de la fracturation souvent lourdement endettés. En 2018, l’industrie a investi 70 milliards de dollars pour forer 9.975 puits. Sur ce total, 54 milliards ont été consacrés au pétrole dont 70% pour maintenir la production déclinante des champs pétrolifères, et seulement 30% pour augmenter la production. Les progrès techniques ne devraient plus très longtemps permettre de lutter contre la baisse tendancielle des volumes extraits.

«L’augmentation massive de la production que nous avons vu au cours de la dernière décennies était avant tout basée sur l’exploration et l’exploitation intense des superficies les plus riches et les plus productives. Elles représentent une très petite proportion des champs», écrit Zoltan Ban de Seeking Alpha. «Une augmentation significative du prix moyen du pétrole combinée avec des progrès technologiques permanents peuvent aider à débloquer l’exploitation des ressources de deuxième catégorie. Mais une fois que l’industrie exploitera ses ressources, il deviendra très difficile de trouver suffisamment de capacités de production pour compenser le déclin des volumes potentiels», ajoute-t-il.

 

La rédaction