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Les modeles Tesla

Bob Lutz continue à répéter que Tesla va disparaître


Ancien dirigeant de Ford, Chrysler et General Motors, Bob Lutz est un critique historique de son Tesla et de son flamboyant et controversé fondateur, Elon Musk. Il juge toujours que le premier constructeur de voitures électriques au monde ne peut survivre faute de rentabilité. La Bourse ne semble pas du tout d’accord.

Elon Musk, le flamboyant et controversé fondateur et président de Tesla, est entré en guerre la semaine dernière contre l’Etat de Californie et plus particulièrement le Comté d’Alameda qui a ses yeux maintenait trop longtemps le confinement et interdisait la réouverture de son usine. Il a lancé des poursuites et a annoncé le transfert du siège du constructeur de véhicules électriques au Texas. Il a menacé de faire de même avec son usine située à Fremont. Et il a décidé de violer la loi en rouvrant son usine en dépit de l’interdiction. Devant les pressions, le Comté d’Alameda a fini par céder et par autoriser mercredi 13 mai la réouverture de l’usine à partir de la semaine prochaine. Encore une victoire médiatique pour le patron et fondateur de Tesla et une illustration de son étonnante capacité à mettre l’opinion et les médias de son côté.

Le même Elon Musk avait provoqué un choc à Wall Street en écrivant sur twitter au début du mois de mai que l’action Tesla était trop chère. Le cours avait alors dévissé de plus de 10%! L’action Tesla n’en est pas moins la plus performante depuis le début de l’année sur le marché du Nasdaq. Et la capitalisation boursière de Tesla, après être tombée à 66 milliards de dollars à la mi-mars, est remontée depuis à plus de 150 milliards. Elon Musk est une star de Wall Street, des réseaux sociaux et de la manipulation de l’information. Il n’a pas moins de 33,9 millions de «followers» sur Twitter! Et il n’en est pas vraiment à son coût d’essai pour influencer les marchés financiers. En 2018, il avait menacé, toujours sur Twitter, de retirer Tesla de la Bourse.

Des voitures vendues en-dessous de leur prix de revient

Mais Elon Musk a aussi beaucoup d’ennemis. C’est pour cela que régulièrement  la question de l’avenir de Tesla refait surface. C’est un sujet récurrent et polémique depuis des années. Il revient au gré des provocations et des annonces farfelues d’Elon Musk et des pronostics sans cesse répétés de la disparition de sa société, venant la plupart du temps de constructeurs automobiles concurrents.

Bob Lutz, ancien dirigeant légendaire de Ford, Chrysler et General Motors, interrogé il y a quelques jours sur la possibilité pour Tesla d’être racheté par un grand groupe automobile a ainsi répondu: «qui en voudrait?» Bob Lutz est critique de Tesla depuis longtemps. Il a même parlé de «psychose de masse» pour expliquer le succès de l’action Tesla.

Pour lui, le constructeur est condamné. Et cela même si Tesla a d’ores et déjà produit et vendu plus d’un million de véhicules électriques. Mais il considère que la société n’a pas d’avenir compte tenu de son «absence continue de rentabilité». Il estime que Tesla éprouvera de plus en plus de difficultés à se financer, surtout si Elon Musk continue à ébranler la confiance des investisseurs. Ce qui ne semble pas être vraiment le cas à voir le cours de Bourse. Au premier trimestre, le constructeur a réussi à afficher un bénéfice symbolique mais un bénéfice tout de même de 16 millions de dollars. Dans le même temps, les livraisons de voitures ont progressé de 33% et le chiffre d’affaires a augmenté de 32% à 5,99 milliards de dollars.

«Tout ce qu’ils ont, ce sont des voitures électriques avec une belle apparence qui se vendent en-dessous de leur coût de fabrication», affirme Bob Lutz. Il ajoute que la technologie de Tesla n’a rien d’unique, que le constructeur utilise les mêmes batteries lithium-ion que ses concurrents, que chaque constructeur va mettre sur le marché des véhicules avec une autonomie de plus de 400 kilomètres et qu’il n’aura plus d’avantage.

Des critiques balayées

Pour Bob Lutz, aujourd’hui personne ne gagne vraiment d’argent avec les voitures électriques. Mais contrairement à Tesla, les constructeurs traditionnels peuvent limiter leurs pertes, leurs coûts et les compenser avec la vente de véhicules thermiques ou hybrides.

Sur un plan plus industriel, Bob Lutz juge enfin que les usines de Tesla ont trop de personnel et que l’intégration verticale, au lieu de travailler avec des équipementiers, n’est pas durable. Car cela oblige à consacrer beaucoup de capital pour rester compétitif au lieu tout simplement d’acheter un certain nombre de pièces et de composants.

Ces critiques ont été balayées, notamment par le site Electrek. Il faut dire que les principaux rédacteurs d’Electrek ont reconnu détenir des actions Tesla. Mais plus convaincant, MarketWatch estime que le succès de Tesla en Chine, où il a installé une usine, et le fait que le spécialiste des voitures électriques haut de gamme sera bien plus performant dans les prochains mois que tous les autres constructeurs automobiles, devrait soutenir ses cours en Bourse et lui permettre de continuer à se financer et se développer.

La rédaction