A en croire Donald Trump, il a remporté un grand succès il y a deux semaines lorsqu’il a annoncé, à l’issue de sa rencontre avec le Président chinois Xi Jinping, une trêve commerciale avec la Chine et a obtenu de Pékin la levée pendant un an des restrictions à l’exportation des terres rares. Elles sont, comme presque tout le monde le sait aujourd’hui, indispensables à la fabrication de la plupart des produits électroniques, des armements, des automobiles et des équipements de la transition énergétique. Maintenant, les limites et les failles de ce soi-disant accord commercial apparaissent déjà au Grand jour.
Selon le Global Times, le ministère du commerce chinois (MOFCOM) vient de renforcer les mesures de contrôle de ses exportations d’argent, d’antimoine et de tungstène. Ces mesures s’appliquent à la période 2026-2027 et ont pour objectif déclaré de « renforcer la protection des ressources et de l’environnement ». De qui se moque-t-on ! S’il y a bien une raison pour laquelle la Chine domine tant l’industrie de raffinage des terres rares et des métaux, c’est qu’il s’agit de procédés industriels extrêmement polluants et toxiques. Ce dont l’industrie chinoise n’a rien eu à faire pendant longtemps.
Réglementations environnementales laxistes
Il suffit de prendre l’exemple de la plus grande installation de traitement des terres rares au monde située à Bayan Obo dans la région aride de Mongolie intérieure. Elle a généré plus de 70.000 tonnes de thorium radioactif comme sous-produit toxique après des années de traitement des terres rares. Et le bassin où son stockés les 70.000 tonnes de thorium présenterait des problèmes d’étanchéité. Son contenu s’infiltre dans les eaux souterraines et finira par atteindre le fleuve Jaune, une source essentielle d’eau potable…
Comme l’écrivait récemment la Harvard International Review, « la Chine n’a pu établir une telle domination sur l’industrie des terres rares que grâce à des réglementations environnementales laxistes. Des méthodes peu coûteuses et très polluantes ont permis à la Chine de devancer ses concurrents et de s’imposer sur le marché international des terres rares ».
Un chantage permanent
La Chine ne limite pas ses exportations parce qu’elle se soucie soudainement de l’environnement, mais parce qu’elle considère se trouver en position de force face à l’administration Trump et aux pays occidentaux.
Comme l’écrit le Global Times, « les exportations chinoises de produits à base de tungstène – à l’exception des outils en carbure cémenté et des lampes halogènes au tungstène – ont représenté 12 000 tonnes entre janvier et septembre de cette année, soit une baisse de 13,75 % par rapport à la même période en 2024… Ce matériau peut être utilisé pour la fabrication de filaments lumineux et d’instruments optiques. En tant que grand exportateur de métaux critiques, la Chine a produit plus de 80% de l’approvisionnement mondial en tungstène en 2023, selon les données de l’United States Geological Survey... ».
Les propriétés incomparables du tungstène
Avec son point de fusion exceptionnel de 3.422 °C, le tungstène est le métal ayant le point de fusion le plus élevé connu à ce jour, ce qui le rend pratiquement irremplaçable dans les applications à températures extrêmes où une défaillance du matériau peut avoir des conséquences catastrophiques.
Les propriétés techniques qui rendent le tungstène indispensable vont au-delà de sa résistance à la température. Sa densité exceptionnelle de 19,35 g/cm³ le rend environ 1,7 fois plus dense que le plomb, ce qui lui confère des capacités de pénétration cinétique impossibles à reproduire avec des matériaux conventionnels. Cette caractéristique s’avère essentielle dans les applications militaires.
Comment retrouver de la sécurité d’approvisionnement
L’antimoine pour sa part est un métal ultra dur connu depuis l’antiquité. Il est aujourd’hui utilisé pour la fabrication de panneaux solaires, comme retardateur de flammes dans de nombreuses applications et pour la production d’équipements militaires, notamment de munitions. La Chine contrôle 50% de la production minière de l’antimoine et 80% du raffinage du minerai.
On voit très bien que le chantage fait par Pékin pour obtenir des avantages et des concessions ne cessera que quand les occidentaux seront capables de produire eux-mêmes une grande partie des métaux et terres rares qui leur sont indispensables. Cela signifie investir massivement dans des mines et usines de raffinage et développer des processus d’extraction et de fabrication permettant de limiter les dégâts environnementaux. Si cela se fait un jour, cela va prendre du temps…














