Pour la première fois, l’énergie solaire a été la principale source de production d’électricité dans l’Union européenne (UE) en juin, couvrant 22,1% des besoins de la région et bénéficiant de la vague de chaleur et d’un ensoleillement exceptionnel. Selon les chiffres du Think tank Ember, le solaire a produit légèrement plus que le nucléaire (21,8%). Viennent ensuite l’éolien (15,8%), le gaz (14,4%) et l’hydroélectricité (12,8%). A noter que selon Eoltech le premier semestre 2025 a été marqué par le niveau de vent le plus bas depuis 15 ans dans plusieurs pays d’Europe, ce qui a affecté la production d’électricité éolienne.
Pour revenir à juin dernier,13 pays de l’UE, dont l’Allemagne, les Pays-Bas, la Grèce et la France, ont enregistré leur plus forte production d’énergie solaire historique.
L’énergie solaire est devenue pour la première fois la première source de production d’électricité en Europe sur un mois. Part de la production d’électricité mensuelle en pourcentages. Dans l’ordre, solaire, nucléaire, éolien, gaz naturel, hydraulique, charbon, biomasse, autres fossiles, autres renouvelables. Source: EMBER.
Parallèlement, la chute du charbon s’est poursuivie, la plupart des pays réduisant leurs capacités de production d’électricité à partir de ce combustible. Elle ne représentait plus en juin que 6,1% de la production d’électricité du continent, soit une baisse considérable de 28% par rapport à l’année dernière avec une météorologie il est vrai nettement moins favorable, en termes d’ensoleillement et aussi de vent. Les grands pays du charbon, l’Allemagne et la Pologne, sont respectivement tombés en juin à 12,4% et 42,9% de leur production électrique provenant de cette énergie fossile qui est celle émettant de loin le plus de gaz à effet de serre.
Production mensuelle d’électricité en Europe provenant des centrales à charbon. En pourcentages. Source: EMBER.
Fragilité des réseaux et prix négatifs
Pour autant, si l’utilisation des centrales à charbon a diminué sensiblement, celle des centrales à gaz a augmenté, ne serait-ce que pour équilibrer et sécuriser les réseaux. Le blackout de la péninsule ibérique du 28 avril est venu illustrer la fragilité des réseaux électriques confrontés aux surproductions solaires. Ainsi, en juin la production provenant des centrales à gaz a augmenté de 13% d’une année sur l’autre, en grande partie du fait de l’Espagne qui a doublé sa consommation de GNL (Gaz naturel liquéfié) pour ne plus connaître la mésaventure du 28 avril… Et puis il faut bien produire de l’électricité quand il n’y a plus de soleil, à commencer par la nuit. Au total, les combustibles fossiles – charbon et gaz surtout – ont généré 23,6% du courant en Europe en juin 2025. Ils n’ont pas battu le record de seulement 22,9% atteint en mai 2024 mais s’en sont approchés.
La forte production d’électricité solaire très bon marché et de plus en plus abondante n’a pourtant pas que des avantages. La gestion de ses hauts et de ses bas est délicate pour les opérateurs de réseaux. Ce que montre les très fortes variations de prix avec même des cours négatifs sur les marchés de l’électricité du fait de pics de production lors des heures les plus ensoleillées. Ainsi, par exemple, le 10 juillet dernier la production solaire française a atteint le niveau record de 19,5 gigawatts heure, répondant à près de 40% de la demande nationale, selon le gestionnaire de réseau RTE. Du coup, les prix de l’électricité sont devenus négatifs entre 11 heures et 15 heures. Ils sont même tombés jusqu’à -11 euros par mégawattheure selon les données d’Epex Spot SE.
Une tendance qui devient très préoccupante car elle déstabilise les marchés et les modèles économiques et décourage les investissements. En 2024, le nombre d’heures de prix négatifs sur les marchés de l’électricité a atteint 468 en Allemagne (contre 292 en 2023), 356 en France (contre 144 un an auparavant) et 247 en Espagne. Pour les cinq premiers mois de l’année 2025, de janvier à mai donc, ces chiffres ont été respectivement de 413 heures en Espagne, 243 en Allemagne et 242 en France.