Transitions & Energies
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Passer à plus de 50% de véhicules électriques coûtera des centaines de milliards d’euros


La Loi d’Orientation des Mobilités votée à l’Assemblée Nationale le 18 juin comporte entre autre un article qui stipule la fin de la vente de «véhicules à énergies fossiles carbonées d’ici 2040». Les modèles neufs 100% thermiques seront interdits. Il devrait en être de même pour les hybrides.

C’est l’occasion de revenir sur les scénarios d’une telle transition passés en revue dans une étude approfondie de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) publiée en mars 2019. Elle conclut que: «Le coût de la décarbonation du parc automobile français tel qu’envisagé serait, avec toutes les précautions d’usage, de l’ordre de 500 milliards d’euros sur vingt ans».

Contrairement au texte voté à l’Assemblée Nationale, les scénarios bien plus réalistes de l’OPECST prévoient encore au minimum 40% de modèles hybrides, donc en partie thermiques! L’OPECST rappelle au passage «l’importance du principe de neutralité technologique qui doit prédominer. Car s’il revient aux pouvoirs publics d’imposer des objectifs, tels que la réduction des émissions de CO2, [il faut] laisser les acteurs libres d’innover et de choisir les meilleurs moyens [technologiques] pour les atteindre». Le souvenir des décennies de soutien des pouvoirs publics au carburant diesel avant de le vouer aux gémonies est encore frais.

«Privilégier une technologie peut avoir des conséquences inattendues, voire contrarier les objectifs visés. La remise en cause subite du diesel pourrait ralentir le remplacement des véhicules les plus polluants», car «les propriétaires des véhicules les plus anciens ne peuvent plus les renouveler. Leur valeur résiduelle est passée de quelques milliers d’euros à zéro après le Dieselgate et les annonces de bannissement dans certaines villes» écrit l’OPECST. De plus, «les inconnues sur l’évolution des différentes technologies… en termes de performances, de prix, ou de parts de marché, sont telles que les risques de se tromper à nouveau apparaissent relativement élevés».

Le rapport souligne les enjeux économiques du changement, car «la filière automobile française comprend au total plus de 900 000 salariés et représente 16% du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière française».

L’étude chiffre enfin le coût de la mutation. Selon les scénarios, les dépenses liées à la mise en place des infrastructures (bornes de recharge électriques et stations hydrogènes) sont évaluées entre 30 et 108 milliards d’euros. Par ailleurs, la perte de revenus de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) est estimée autour de 35 milliards d’euros par an.

La rédaction