Transitions & Energies
Hopium Machina Monthlery

Un ministre passe à l’hydrogène… les écologistes scandalisés


Le ministre des Transports du gouvernement Castex, Jean-Baptiste Djebbari, va rejoindre la jeune société française Hopium qui entend devenir un constructeur de véhicules électriques à pile à combustible et à hydrogène de haut de gamme. La rapide reconversion du ministre, qui a obtenu une approbation du bout des lèvres de la très prudente Haute autorité pour la transparence de la vie publique, soulève un tollé chez Europe Ecologie Les Verts qui parle «d’affairisme». EELV devrait pourtant se réjouir de voir un ancien ministre s’engager dans le développement des véhicules à hydrogène.

C’est un signe des temps et des ambitions industrielles grandissantes autour de ce que pourrait devenir une économie de l’hydrogène. L’ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a déjà trouvé une nouvelle activité… dans l’hydrogène.Il va entrer au Conseil d’administration de la jeune société française Hopium, qui a pour ambition de vendre un jour des voitures électriques à pile à combustible et à hydrogène haut de gamme. Hopium a de très grandes ambitions et a même imprudemment annoncé il y a quelques mois vouloir imiter le modèle Tesla.

Le modèle Tesla est-il reproductible?

Rappelons que le constructeur américain a totalement transformé le marché de la voiture électrique à batteries en en faisant à la fois un véhicule haut de gamme et un objet technologique à la mode permettant à son propriétaire conducteur d’affirmer à la fois un engagement écologique et sa foi dans le progrès. Les propriétaires de Tesla sont ainsi aujourd’hui, avec des médias très bienveillants et très naïfs, les promoteurs des véhicules du constructeur américain qui n’a jamais eu besoin d’avoir recours à la publicité. Les frasques, le génie et les qualités de communicant d’Elon Musk, le patron de Tesla ont fait le reste.

Tout cela pour dire que l’ambition d’Hopium est à saluer, mais que le modèle Tesla sera difficile à répliquer. Jean-Baptiste Djebbari peut en tout cas contribuer à incarner la marque française. «Je suis honoré et fier d’accueillir Jean-Baptiste Djebbari dans cette formidable aventure industrielle française »» a explique le Olivier Lombard, le Pdg et fondateur d’Hopium, saluant « une étape majeure de notre développement». Cette nomination doit encore être soumise à l’approbation de la prochaine assemblée générale d’Hopium, le 20 juin.

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique laisse faire et écarte toute responsabilité…

Hopium, dont M. Djebbari avait visité les locaux dans le cadre de ses fonctions en septembre 2021, a levé 16 millions d’euros et souhaite en obtenir 100 millions supplémentaires cette année avec pour objectif de commercialiser en 2025 sa berline à hydrogène dont elle a présenté un prototype (voir l’image ci-dessus).

Concernant la question d’un éventuel conflit d’intérêt, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui a examiné le risque a conclu très prudemment qu’«en l’état des informations dont (elle) dispose, le risque de prise illégale d’intérêts peut être écarté, sous réserve de l’appréciation souveraine du juge pénal». Mais «il convient d’encadrer (ses) futures relations professionnelles» car «il ne saurait être exclu que M. Djebbari soit amené à réaliser» des «démarches particulières auprès des pouvoirs publics», ajoute l’autorité. En clair, la HATVP laisse faire, mais écarte toute responsabilité en cas de problème…

Quand «vous êtes membre du gouvernement, vous pouvez tout à fait retourner dans le privé » sous réserve de respecter certaines règles, c’est ce que j’ai fait en sollicitant la HATVP», a déclaré M. Djebbari. Pour Jean-Baptiste Djebbari, son cas pose la question des mandats politiques au cours d’une carrière. « C’est quoi le modèle ? Si vous me dites que quand on vient en politique, le modèle c’est de rester 40 ans (…), je vous dis c’est pas le mien », a-t-il plaidé.

EELV perd toute mesure

Ce n’est évidemment pas l’opinion de l’opposition et notamment d’EELV qui devrait pourtant se réjouir de voir un ministre s’engager dans le véhicule à hydrogène. Mais la politique prend souvent le pas sur la transition énergétique.

«Mélange des genres, opportunisme et conflits d’intérêts », a twitté le député européen EELV David Cormand, ajoutant que le fait était révélateur de «toute la perversité de La République en marche, qui n’aura jamais été autre chose qu’une république des marchands gangrenée par l’affairisme et les lobbys.»

La rédaction