<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Pourquoi l’innovation dans le domaine énergétique est si compliquée

22 octobre 2025

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Pourquoi l’innovation dans le domaine énergétique est si compliquée

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L’innovation énergétique est autrement plus complexe que dans le domaine, par exemple, des technologies de l'information. Pour réussir, elle doit intégrer trois éléments fondamentaux. Il s'agit du fameux « trilemme énergétique » : les politiques énergétiques doivent trouver un difficile équilibre entre la sécurité d’approvisionnement (souveraineté et abondance), l'équité (accès universel à des coûts maîtrisés) et la durabilité environnementale (limiter la pollution et les émissions de gaz à effet de serre). Et le secteur de l'énergie est un écosystème physique qui comprend trois éléments indissociables: l’approvisionnement (production ou extraction), la distribution (transport, transmission) et évidemment la demande. Un environnement qu'il est particulièrement difficile d'appréhender et de maîtriser.

Nous ne parviendrons pas à décarboner les économies avec les technologies dont nous disposons aujourd’hui. Si la transition énergétique se traduit par un appauvrissement des populations, elle se heurtera à des oppositions insurmontables. Il faut se débarrasser des combustibles fossiles, mais il faut leur trouver des substituts qui permettent l’accès de l’ensemble de l’humanité à une énergie abondante et décarbonée.

Et pour l’instant, nous n’en prenons pas le chemin. Une des erreurs majeures faite au cours des dernières années dans les stratégies de transition énergétique par les gouvernements et les institutions internationales a consisté à sous-estimer la vitesse de propagation des innovations, leur impact et l’échelle des transformations à mener. Les infrastructures énergétiques n’ont rien à voir avec les technologies de l’information qui consciemment ou pas servent de référence dans les schémas intellectuels.

Mais la diffusion de nouveaux logiciels, de nouveaux équipements électroniques et la construction de réseaux de fibres et de datas centers n’a rien à voir avec des réseaux électriques et des centrales construits pour plus de 50 ans et utilisés parfois depuis 70 ans. Les technologies de l’information n’ont rien à voir avec la production massive de 15 milliards de tonnes de combustibles fossiles par an, leur transformation et leur transport sur toute la planète par pipelines, par gazoducs, par navires spécialisés (tankers, méthaniers, charbonniers), par trains, par camions…

Trilemme énergétique et écosystème

Enfin et surtout, l’énergie est le pilier de l’activité économique. Le PIB d’un pays peut se résumer à des transferts d’énergie. Ce ne sont tout simplement pas des matières premières comme les autres. Voilà pourquoi l’innovation énergétique est plus complexe et qu’il faut le mesurer.

La règle fondamentale est celle du « trilemme énergétique » cher au World Economic Forum, elle stipule que les politiques énergétiques doivent trouver un difficile équilibre entre la sécurité d’approvisionnement (souveraineté et abondance), l’équité (accès universel à des coûts maîtrisés) et la durabilité environnementale (limiter la pollution et les émissions de gaz à effet de serre). Les trois objectifs doivent être menés de front et sont souvent contradictoires. Ce que la Commission européenne ou les gouvernements européens ont longtemps perdu de vue avant le réveil brutal de la crise énergétique de 2022.

Pour aborder l’innovation énergétique avec des chances de succès, il faut prendre en compte les réalités suivantes.

Le secteur de l’énergie est un écosystème physique qui comprend trois éléments : l’approvisionnement (production ou extraction), la distribution (transport, transmission) et évidemment la demande (particuliers, entreprises, industrie, transport, villes, agriculture, infrastructures…). Et comme dans la question du trilemme énergétique, dissocier les trois éléments de l’écosystème est une garantie de l’échec. Il faut produire de façon compétitive, pouvoir distribuer facilement et avoir des consommateurs.

Sous le contrôle étroit des Etats et des gouvernements

Le secteur de l’énergie est fortement réglementé dans chaque pays et influencé par des décisions supranationales. Contrairement aux secteurs financier ou pharmaceutique, les gouvernements ne sont pas seulement des régulateurs, mais aussi des participants.

Chaque pays a sa propre politique énergétique qui peut faire pencher la balance vers l’un des objectifs du trilemme énergétique, en offrant un soutien financier et en créant les conditions adéquates pour qu’un type d’énergie ou de technologie particulier puisse prospérer.

Les réglementations du secteur énergétique établissent à la fois des normes et des règles d’utilisation en termes de sécurité et de qualité des équipements et des règles de marché qui souvent déterminent les prix. Les prix de l’énergie sont un élément clé de l’activité économique d’un pays et de sa stabilité politique et sociale.

Le transport et la distribution d’énergie sont souvent contrôlés par les gouvernements et concédés à des entreprises publiques et privées selon des règles strictes et des processus réglementaires complexes qui exigent l’approbation de tout nouveau projet.

Même dans le secteur souvent plus libéralisé de la production ou de l’extraction, les investissements doivent obtenir des permis et faire l’objet de longs processus d’approbation qui peuvent parfois prendre des décennies et sont soumis aux influences politiques et à la corruption.

Aversion aux risques

En raison des interdépendances physiques, un incident survenant dans une installation énergétique individuelle peut avoir un effet domino sur l’ensemble du système, provoquant une panne générale et pouvant entraîner de graves dommages environnementaux, ainsi que mettre en danger des vies humaines. Les infrastructures énergétiques sont exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes etsensibles aux variations des champs magnétiques

Les risques opérationnels sont très mal perçus dans ce secteur, ce qui se reflète dans la plupart des réglementations et constitue certainement un obstacle à l’innovation.

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La rédaction

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