<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Pourquoi la transition énergétique n’a toujours pas vraiment commencé à l’échelle planétaire

2 juillet 2025

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Pourquoi la transition énergétique n’a toujours pas vraiment commencé à l’échelle planétaire

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Sans réelle surprise, la version 2025 de la Statistical Review of World Energy (Revue statistique mondiale de l’énergie) met une fois de plus en lumière les limites de la transition énergétique en cours. Nous construisons plus de nouvelles capacités de production d’énergie bas carbone que jamais dans l’histoire, mais pour autant nous ne nous débarrassons pas des combustibles fossiles. La demande mondiale d'énergie a augmenté de 2% l’an dernier atteignant un nouveau sommet historique. Toutes les grandes sources d'énergie - charbon, pétrole, gaz, renouvelables, hydroélectricité et nucléaire - ont atteint des niveaux records de production.

Le constat fait par l’édition 2025 de la Statistical Review of World Energy (Revue statistique mondiale de l’énergie), publiée par l’Energy Institute, (et qui l’a été auparavant pendant plus de 70 ans par BP) est exactement le même que celui réalisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport annuel publié en mars dernier.

La consommation d’énergie dans le monde a atteint l’an dernier de nouveaux records et la demande de combustibles fossiles a continué à augmenter en dépit de la croissance des renouvelables, notamment intermittents éolien et solaire. Les renouvelables ne sont pas à même de satisfaire l’augmentation de la consommation. Le monde continue donc à additionner les sources d’énergies pas à en substituer de nouvelles décarbonées à des plus anciennes. En clair, la transition n’a pas encore vraiment commencé à l’échelle planétaire.

Ce que résume parfaitement Andy Brown, le Président de l’Energy Institute. « Au niveau mondial, le rythme de déploiement des énergies renouvelables est toujours dépassé par la croissance de la demande globale d’énergie, dont une grande partie continue d’être satisfaite par les combustibles fossiles. Le monde reste dans un mode d’ajout d’énergie, plutôt que dans une transition claire. Il en résulte une quatrième année consécutive de record de la demande de combustibles fossiles et des émissions de CO2, ce qui met en évidence les défis structurels que pose l’alignement de la consommation mondiale d’énergie sur les objectifs climatiques ».

Une nouvelle méthode de calcul de la consommation plus proche de la réalité

Une statistique nouvelle adoptée par la Statistical Review of World Energy illustre bien cette tendance. Pendant des décennies, l’industrie s’est appuyée sur la « consommation d’énergie primaire » comme référence. Citant les méthodologies utilisées par l’Agence internationale de l’énergie, l’Administration américaine de l’information sur l’énergie (EIA), BP et Eurostat , la Revue statistique a adopté une mesure appelée « Approvisionnement énergétique total ». Cette offre totale d’énergie reflète la quantité réelle d’énergie disponible pour répondre à la demande d’un pays. Elle tient compte de la production et des importations, soustrait les exportations et le stockage, et corrige les pertes lors de la conversion et de la transmission. Ces données représentent la quantité d’énergie qui parvient réellement aux utilisateurs finaux sous une forme utilisable, qu’il s’agisse d’électricité, de carburants ou de chaleur.

C’est une évolution importante. L’ancienne méthode de calcul de l’énergie primaire avait tendance à traiter toutes les sources d’énergie comme si elles avaient les mêmes pertes de conversion. Par exemple, les combustibles fossiles peuvent être brûlés pour produire de l’électricité, mais une part importante de cette énergie est perdue sous forme de chaleur au cours du processus. Les énergies non combustibles telles que l’éolien, le solaire, le nucléaire ou l’hydraulique ne subissent pas les mêmes pertes. Pourtant, avec l’ancienne méthode, ces sources d’énergie étaient pénalisées par des inefficacités supposées, ce qui faisait paraître leur contribution plus faible qu’elle ne l’était en réalité. La nouvelle méthode donne une idée plus juste de la quantité d’énergie utile réellement fournie à la société.

Consommation d’énergie dans le monde en 2024 en exajoules et par source d’énergie. Source : Statistical review of world energy 2025. Coal: charbon. Oil: pétrole. Natural Gas: gaz naturel. Nuclear Energy: Energie nucléaire. Hydro Electric: Hydroélectrique. Other Renewables; Autres renouvelables.

Maintenant, pour le constat. La Revue souligne l’importance accordée aujourd’hui par tous les pays à la sécurité d’approvisionnement et à la souveraineté. « Au cours des cinq dernières années, le système énergétique mondial et les marchés internationaux de l’énergie ont été secoués par une série d’événements sismiques qui ont entraîné des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, des pénuries d’énergie, des prix records de l’énergie et une volatilité accrue sur les marchés internationaux. Qu’il s’agisse du COVID, du conflit en Ukraine, des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations intensifiées par le changement climatique, ou des tensions renouvelées au Moyen-Orient, les vulnérabilités de tous les aspects du système énergétique ont été mises en évidence. Alors que la transition énergétique était initialement axée sur la lutte contre le changement climatique, ces événements ont mis en évidence la nécessité de mettre en place des systèmes énergétiques résilients, décentralisés et propres. 2024 pourrait bien être considéré comme le début d’un changement de paradigme où la transition énergétique sera de plus en plus associée à la nécessité d’assurer la sécurité énergétique grâce à l’indépendance énergétique afin de protéger les pays contre les types de chocs et d’incertitudes que de tels événements entraînent ».

L’électrification est en marche mais ne règle pas tous les problèmes

Pour ce qui est des chiffres, la demande mondiale d’énergie a augmenté de 2% l’an dernier atteignant un nouveau sommet historique. Toutes les grandes sources d’énergie – charbon, pétrole, gaz, renouvelables, hydroélectricité et nucléaire – ont atteint des niveaux records de production. La demande totale d’énergie a augmenté dans toutes les régions du monde, mais la croissance était loin d’être uniformément répartie, reflétant des variations régionales marquées façonnées par le développement économique, les conditions climatiques et la politique énergétique.

L’Amérique du Nord et l’Europe ont affiché les taux de croissance les plus faibles, soit respectivement 0,4% et 0,7%. Cependant, en termes absolus, l’Afrique a connu la plus faible augmentation de la demande d’énergie, avec 0,29 EJ, soit moins de 40% de l’augmentation de la demande d’énergie de l’Europe (0,73 EJ). La région Asie-Pacifique a été à l’origine de 65% de l’augmentation de la demande mondiale d’énergie et est responsable de 47% de la demande mondiale totale d’énergie. L’offre totale d’énergies renouvelables a augmenté de 8%, la Chine étant à elle seule responsable d’une part plus importante que le reste du monde réuni (58%).

L’électrification des usages est une réalité. La croissance mondiale de la demande d’électricité continue de dépasser largement la progression de la demande totale d’énergie. Toutes les régions ont connu une croissance significative de la demande d’électricité, l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient enregistrant la plus forte croissance de la production d’électricité, avec respectivement 5,4% et 5,3%.

Cette édition de la revue statistique met à nouveau en lumière les limites de la transition énergétique en cours. Nous construisons plus de nouvelles capacités de production d’énergie bas carbone que jamais dans l’histoire, mais pour autant nous ne nous débarrassons pas des combustibles fossiles…

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