Transitions & Energies
Dubai Parc Solaire

En théorie, 10.000 kilomètres carrés dans le Sahara pourraient fournir toute l’électricité dont le monde a besoin


La concentration de l’énergie solaire est une des technologies les plus prometteuses. Son potentiel, notamment en Afrique du nord et au Moyen-Orient, est gigantesque.

Il y a un peu plus de dix ans, le regretté David McKay, physicien et spécialiste britannique très réputé de l’énergie, avait attiré beaucoup d’attention en écrivant que «toute l’électricité du monde pourrait être fournie par un carré de 100 kilomètres sur 100 kilomètres dans le Sahara». Le livre de David McKay, «Sustainable Energy – Without the hot air» (Energie durable – Sans air chaud), publié en 2008, a acquis aujourd’hui un statut culte. Il était décrit comme un «tour de force» par The Economist et comme «l’un des meilleurs livres jamais écrit sur l’énergie» par Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft.

Dans sa boutade sur l’énergie solaire dans le Sahara, David McKay cherchait à illustrer la puissance théorique que peut générer la concentration de l’énergie solaire dite thermodynamique. Il oubliait au passage les nombreuses difficultés techniques, le problème de transport de cette électricité et l’intermittence d’une production qui, par définition, s’arrête la nuit. Mais il avait attiré l’attention sur le potentiel de cette technologie. Elle commence aujourd’hui à émerger.

«Des avantages naturels significatifs»

Les possibilités offertes par la concentration solaire sont mises en avant dans  un article très récent publié par Energypost. Il souligne que le Moyen-Orient et l’Afrique du nord disposent d’un potentiel considérable d’électricité solaire et commencent à peine à l’exploiter. Kevin McCann, l’auteur de l’article, montre, comme David McKay en son temps, que les hauts niveaux d’irradiation directe rendent les infrastructures de concentration par miroir de l’énergie solaire particulièrement efficaces et compétitives.

L’électricité fabriquée à partir du solaire, y compris les panneaux photovoltaïques, est passée dans cette région du monde de 32.160 GWh en 2010 à 425.873 GWh en 2017, une croissance annuelle de 175%. Mais le potentiel est bien plus considérable et permettrait de fournir de grandes quantités d’électricité à bas coût au-delà des frontières des Etats et même au-delà de la région Moyen Orient-Afrique du nord. Mais cela nécessitera des investissements importants dans le stockage et le transport de cette électricité propre, avec de l’hydrogène par exemple, et aussi, question la plus délicate, une vraie stabilité politique et économique.

En tout cas, «la démographie, le climat et la géographie de cette région lui donne des avantages naturels significatifs pour le développement de projets énergétiques renouvelables de grande ampleur», écrit Kevin McCann.

Ils soulignent parmi ses avantages:

-Une densité de population relativement faible

-Un haut niveau d’irradiation solaire

-Des terres dont la valeur est très faible, en particulier dans les déserts

Des promesses à concrétiser

David MacKay avait calculé que le potentiel provenant de la concentration d’énergie solaire de 15 des plus importants pays de la région Afrique du nord-Moyen-Orient (dont l’Algérie, la Libye et l’Arabie Saoudite) était de 620,000 TWh/an et nécessitait une capacité installée de 70.000 GW. Pour donner un ordre d’idées, la production d’électricité des 28 pays de l’Union Européenne en 2017 était de 3.294 TWh et celle dans le monde de 25.721 TWh. La production d’électricité en 2017 de l’Union Européenne et du monde étaient l’équivalent de respectivement 0,5% et 4,1% du potentiel calculé par David MacKay…

Et ce n’était pas seulement des calculs de physicien enfermé dans son laboratoire. La concentration du rayonnement solaire est considérée aujourd’hui comme une des technologies d’énergie propre parmi les plus prometteuses y compris pour des applications industrielles. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elle pourrait assurer jusqu’à 11% de l’électricité produite en 2050. L’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) a des prévisions du même ordre avec un chiffre de 12% de l’électricité en 2050. Et tout cela est encore très loin du potentiel…

La rédaction