Transitions & Energies
Centrale nucléaire

Des centrales nucléaires américaines vont produire de l’hydrogène sans carbone


Il s’agit du chainon manquant, à la fois pour l’électricité nucléaire et l’hydrogène. Comment utiliser de l’électricité décarbonée en surplus parce qu’il est difficile d’arrêter les centrales nucléaires et comment produire de grandes quantités d’hydrogène sans CO2 à des coûts pas trop élevés. Les Etats-Unis ont peut être trouvé la solution.

Comme l’explique Energy Post, les centrales nucléaires sont aujourd’hui, aux Etats-Unis, sous la pression des renouvelables et du gaz naturel qui peuvent produire de l’électricité à moindre coût même si cela pose d’autres problèmes. Par exemple, l’intermittence des renouvelables et les gaz à effet de serre émis par les centrales au gaz.

Mais comme il n’est pas question d’abandonner des dizaines d’années d’investissements et de renoncer à un savoir faire stratégique, le Département américain de l’énergie vient de lancer trois projets innovants pour améliorer à long terme la compétitivité des centrales nucléaires. Exactement la stratégie inverse du gouvernement français qui renonce à l’innovation comme le montre l’abandon du projet Astrid de réacteur de quatrième génération permettant de réutiliser et recycler des déchets nucléaires.

En tout cas, outre Atlantique, trois producteurs d’électricité et le Idaho National Laboratory ont été désignés pour adapter des centrales nucléaires afin de fabriquer de l’hydrogène par électrolyse sans émettre le moindre gramme de CO2.  Ce sera notamment le cas quand les besoins en électricité du réseau seront faibles et que les centrales nucléaires pourront continuer à fonctionner à plein régime et à générer des revenus. L’hydrogène sera ensuite utilisé comme source d’énergie notamment dans le transport ou comme moyen de stockage pour produire quand le besoin existe de l’électricité.

Trois projets dans l’Ohio, le Minnesota et l’Arizona

Le programme doit s’étendre sur deux ans. Le premier site doit démarrer en 2020 près de Toledo dans l’Ohio. Il s’agit de la centrale nucléaire Davis-Besse du groupe FirstEnergy Solutions. Elle va déployer trois unités d’électrolyse de une à trois Mégawatts. L’hydrogène produit alimentera un réseau de transport public dans l’Ohio et une usine sidérurgique.

Le second site doit voir le jour en 2021. Il s’agit de l’une des centrales nucléaires de Xcel Energy dans le Minnesota. Enfin, le troisième projet, qui s’étalera sur les années 2020-2022, concernera la centrale nucléaire de Palo Verde à côté de Phoenix dans l’Arizona. Il s’agira cette fois de tester la possibilité de stocker de l’énergie via l’hydrogène et de l’utiliser pour produire de l’électricité quand les renouvelables ne peuvent le faire faute de soleil et de vent.

Les analystes soulignent que ces projets pourraient permettre de construire une harmonie parfaite entre les renouvelables et le nucléaire pour éliminer en grande partie les émissions de gaz à effet de serre. Quand les renouvelables produisent en quantité, les centrales nucléaires fabriquent de l’hydrogène et quand la production des renouvelables baisse, les centrales nucléaires alimentent le réseau. Et cela a aussi indirectement un impact sur la durée de vie et la sûreté des centrales qui ne sont pas adaptées de façon optimale à des changements de charge.

D’autres projets de même nature devraient voir le jour aux Etats-Unis. Le premier producteur américain d’électricité nucléaire, le groupe Exelon, et la firme norvégienne Nel Hydrogen ont eux-aussi l’intention de tester une installation de production d’hydrogène intégrée dans une centrale en activité. Ils bénéficieront pour cela de financements du Département de l’énergie américain.

La rédaction